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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/262

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Vous le voyez, mes enfants, nous sommes plus grands que la nature : car nous avons puissance de la dompter, de la façonner : notre arme, contre elle, c’est le travail ; c’est lui qui fait notre puissance et notre gloire, et nous rend dignes d’occuper une place dans l’humanité.

Vous le voyez encore, chacun de nous reçoit tout de l’espèce : la vie, nous la devons à nos parents ;

Notre nourriture, nous la devons aux cultivateurs, à ceux qui font leurs instruments de travail ;

Nos vêtements, nous les devons aux nombreux ouvriers qui fournissent les matières premières, les filent, les tissent, les teignent, les taillent, les cousent ;

Notre abri, nous le devons à ceux qui extraient la pierre, la chaux, le fer, le plâtre ; préparent la brique, coulent le verre, coupent le bois ; à tous ceux qui peignent, tapissent, décorent et meublent nos demeures, pour qu’elles nous soient commodes ;

Notre science, nous la devons à ceux qui ont assemblé ces collections, rempli ces musées, planté ces jardins, inventé ces machines, fait ces classifications, ces méthodes que nous admirons ; à ceux qui ont réfléchi sur les faits, trouvé leurs lois, et leurs applications dans l’industrie et l’art ;

Notre sécurité, la possibilité de jouir en paix du fruit de nos labeurs, de ne pas être dépouillés, opprimés, tués par plus forts que nous, nous les devons encore au génie de l’humanité qui a tiré de lui-même et formulé les principes de Justice et d’équité.

Tout ce que nous sommes, nous le devons donc à notre espèce qui a pensé et travaillé, pense et travaille pour nous ; notre devoir est donc, au point de vue de la Justice, de rendre, autant