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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/263

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qu’il est en nous, à l’humanité ce qu’elle a fait et fait pour nous, en travaillant à son profit et au nôtre.

Ainsi préparées, Madame, vos élèves sont en état d’étudier avec fruit l’histoire de leur espèce.


VII


Nous voici, Madame, sur un terrain neuf et mouvant : celui de l’Histoire dont la science n’est pas faite encore.

Vous avez montré en tout la loi de Progrès ; il faut lui donner une éclatante confirmation dans l’enseignement de l’histoire.

Montrez d’abord notre espèce placée, à son origine, sur un globe inculte, tourmenté par les volcans et les inondations ; plus malheureuse que les autres, parce qu’elle est plus sensible et plus désarmée ; ayant de grands besoins et de faibles moyens ; des passions égoïstes très fortes, des facultés supérieures à peine ébauchées ; afin que vos élèves comprennent ce qu’il a dû falloir de temps à l’humanité pour apprendre à cultiver la terre, à se construire des habitations, à tirer parti des forces naturelles qui la tuaient auparavant, à s’organiser en diverses sociétés, à créer les sciences, les arts, l’industrie, et à tout modifier en se modifiant elle-même. Elles comprendront alors que l’espèce a dû franchir bien des obstacles pour arriver ou elle en est ; qu’elle a dû souvent s’égarer ; que le mouvement progressif, ne pouvant se faire que d’ensemble pour chaque nation, il est impossible d’y procéder par grand écart, c’est à dire de franchir les époques ou nuances intermédiaires entre la situation intellectuelle et morale où se trouvent les masses, et l’idéal posé par les natures