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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/264

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plus élevées ; faites-leur bien comprendre alors que notre devoir n’est pas de réaliser l’idéal entier dans les faits sociaux, mais de travailler à nous en rapprocher de quelques pas, et d’élever nos successeurs de manière à ce qu’ils s’en rapprochent encore plus que nous.

Comme toute science se compose de faits reliés par une loi, vous devez donner à vos élèves la loi de l’Histoire : cette loi est le développement de la Morale sous l’influence de la Philosophie, de la Religion, des Sciences, des Arts et de l’Industrie.

Vous considérerez donc chaque peuple comme un organe Moral de l’humanité, et vous le montrerez descendant plus ou moins vite dans la tombe, lorsqu’il renonce à la Morale ou qu’il ne progresse plus.

Vous comprenez que, dans un tel plan, ne peuvent entrer des fables, des détails puérils, des masses de faits entassés pêle mêle sans méthode, sans critique, sans moralité générale, sans loi ; que toutes ces choses ne sont pas plus l’Histoire, que des plantes non classées ne sont la Botanique.

Il m’est impossible, vous le concevez, de vous tracer un plan d’Histoire : cela nous conduirait trop loin : mais un simple exemple vous fera comprendre mon idée : il s’agit pour l’élève d’étudier l’histoire de France et d’Angleterre, par exemple. Or la loi de la première est, au point de vue de la Justice, le développement de l’unité dans la Justice ou de l’Égalité, comme la loi de l’histoire d’Angleterre est, sous le même rapport, le développement de la diversité dans la Justice ou de la liberté individuelle. Ces deux lois posées, vous divisez chaque histoire en autant de périodes qu’il est nécessaire pour la démonstration de la loi ;