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Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/78

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à Brikindéra, tu étais hier à Abdère, et demain, si quelqu’un te paie le fret, tu partiras pour Phasélis. Bref, citoyens, pour ne pas vous rompre la tête avec mes proverbes, j’ai été arrangé par Thalès d’aussi belle façon que Mys à Olympie[1] : j’ai été roué de coups de poing ; la porte de ma maison a été défoncée (et je paie le tiers du loyer), le linteau a été roussi. Ici, Myrtalé, viens à ton tour, montre-toi, n’aie pas de honte : regarde les juges que voici comme des pères ou des frères. Voyez-la, citoyens, comme elle est ravagée du haut en bas : il ne lui reste plus un poil grâce à cet infâme qui l’a traînée et violentée. Ô Vieillesse, il te doit un fier sacrifice, sans toi il eût vomi tout son sang comme autrefois Philisteus à Samos… Tu ris ! Eh bien oui, je suis un prostitué, je ne le nie pas. Battaros est mon nom, mon aïeul était Sisymbros, mon père était Sisymbriskos, et tous trafiquaient de ma marchandise[2] ; mais quant à la bravoure…

… Voyons, Thalès, tu es amoureux de Myrtalé, n’est-ce pas ? il n’y a pas de mal, moi j’aime le pain : donne l’un, tu auras l’autre ;

  1. Mys à Olympie. Comme on l’a fort bien observé, il y a là un mélange de deux locutions proverbiales : « comme une souris dans la poix » et « arrangé comme Mys à Olympie ». La mésaventure de l’athlète se place, suivant les parémiographes, ol. CXI (336).
  2. Aucune explication acceptable n’a été proposée pour la fin de ce vers et pour celui qui suit.