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Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/79

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ou si, par Zeus, le désir te travaille, mets l’argent dans la main de Battaros, prends ton bien et uses-en comme il te plaira. C’est ton droit. Voilà pour Thalès. Vous, citoyens, puisqu’il n’y a pas de témoins, jugez la cause en conscience. Demande-t-il à interroger les esclaves, je m’offre aussi à la question ; prends-moi, Thalès, torture-moi, mais que la somme soit déposée tout d’abord. Minos avec sa balance n’eût pu rendre un plus juste arrêt. D’ailleurs, citoyens, songez que vous jugez aujourd’hui la cause non de Battaros le marchand d’esclaves, mais de tous les étrangers domiciliés dans cette ville. Et maintenant montrez-vous les dignes fils de Cos[1] et de Mérops ; songez quelle était la gloire de Thessalos et d’Héraklès, comment Asklépios vint de Trikka dans cette île, et pourquoi Phœbé donna ici le jour à Latone. Rappelez-vous toutes ces gloires et que la justice guide votre arrêt. Étrillez aujourd’hui le Phrygien pour qu’il s’amende, vous verrez que le vieux proverbe ne ment pas.


  1. Cos, l’héroïne éponyme de l’île, passait pour la fille de Mérops, premier roi des Μέροπες. Thessalos est le fils de Héraklès qui conduisit, dit-on, une colonie dorienne dans l’île. Trikka, en Thessalie, est le berceau du culte d’Asklépios, fils d’Apollon et petit-fils de Latone, mentionnée dans le vers suivant.