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Page:Haag - Le Livre d’un inconnu, 1879.djvu/36

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La nuit venait ; la nef était profonde et sombre,
Et les cierges brûlaient paisiblement dans l’ombre,
Et l’odeur doucement troublante des encens
Mêlait l’amour mystique à l’extase des sens.
Et moi qui te voyais si belle agenouillée,
Sentant de pleurs émus ma paupière mouillée,
Je fis vœu de t’aimer plus saintement encor,
Et de garder, ainsi qu’un précieux trésor,
Ce pur et chaste feu que Dieu mit dans mon âme :
Je fis vœu de t’aimer comme on aime la femme
A qui devant l’autel on s’unit pour toujours ;
Et, fuyant à jamais ces faciles amours
Dont le seul souvenir m’était une souillure,
D’être à toi seule, à toi, tant que ce souffle dure !
O Dieu, qui m’entendis alors et qui me vis,
Tu connus la ferveur de ce vœu que je fis,
Tu connus, toi qui seul en nos âmes sais lire,
La foi, l’ardente foi, l’extase, le délire
De ce passant obscur pour qui se révélait
Ta loi d’amour, avec son sublime secret
Qui permet de souffrir pour les péchés des autres ;
Oui, je compris alors tes martyrs, tes apôtres,
Ceux qui sont morts, collant leur bouche au crucifix,
En murmurant le nom de Jésus, de ton Fils,