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Page:Haag - Le Livre d’un inconnu, 1879.djvu/37

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Dont là tout près de moi, sous sa forme mortelle,
Le corps sanglant, au fond d’une obscure chapelle,
Me semblait s’entourer d’une étrange clarté ;
Je jurai sur ce corps du Dieu persécuté
D’être, selon sa loi, généreux, charitable,
Indulgent aux méchants, aux humbles secourable,
Et de me rendre enfin digne de ce bonheur,
Dont je sentais s’emplir et déborder mon cœur,
Par des dons ignorés, par d’obscurs sacrifices
Dont je pourrais goûter en secret les délices,
Sachant que c’est pour toi que je me prive ainsi,
Pour toi, mon adorée, et pour que tout souci
Soit loin de ta pensée, et pour que toute trace,
Toute ombre de péché de ton front pur s’efface.
Et j’étais là perdu dans l’ombre d’un pilier,
Et je sentais, saisi d’un trouble singulier,
Dans le silence ému de ces voûtes de pierre
Nos âmes devant Dieu s’unir dans ta prière.