Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/105

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vie psychique de ces radiolaires monocellulaires, c’est l’extraordinaire capacité de leur mémoire. Car la constance relative avec laquelle ces quatre mille espèces se transmettent de génération en génération la forme régulière et souvent très compliquée de leur enveloppe siliceuse, ne peut s’expliquer qu’en admettant que les constructeurs de cette demeure protectrice, les invisibles molécules de plasma des pseudopodes possèdent un délicat « sentiment plastique de la distance » et un souvenir fidèle de l’activité architecturale de leurs ancêtres ; sans cesse, les fins et informes filaments de plasma bâtissent les mêmes ravissantes coquilles siliceuses, avec un grillage régulier, des épines radiales protectrices et des soutiens pour la suspension, qui partent des mêmes points de la surface et forment des rayons équidistants. Déjà le physiologue E. Hering, de Leipzig, dans une brochure ingénieuse, mais précisément à cause même de cela peu remarquée, avait désigné, dès 1870 « la mémoire comme une fonction générale de la matière organisée ». Moi-même, en 1875, prenant pour base cette importante donnée, j’avais cherché, dans mon travail sur La périgénèse des plastidules à expliquer les rapports moléculaires de l’hérédité, par la mémoire des molécules plasmiques. Tout récemment (1904), un de mes élèves les plus distingués, le professeur R. Semon, de Munich, dans un ouvrage de valeur, a examiné longuement « La Mneme, en tant que principe conservateur dans les changements du devenir organique » et il a réalisé l’analyse des phénomènes mécaniques de reproduction, d’une manière convaincante, sur une base nettement physiologique.