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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/111

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que mon grand maître put faire avec certitude sur ce cas et sur celui d’autres aliénés implantèrent en moi, dès lors, cette ferme conviction de l’unité de l’organisme humain, de la liaison indissoluble de l’esprit et du corps qu’il soutenait lui-même alors avec sa froide raison. Si Virchow, vingt ans après, (en particulier depuis son discours de 1877, à Munich), a sacrifié cette conception moniste de la vie de l’âme au dualisme et au mysticisme régnants, ce revirement s’explique tant par la métamorphose psychologique accomplie en lui que par les motifs politiques exposés par moi dans ma conférence précédente.

Nous trouvons une série d’autres témoignages importants en faveur de notre psychologie moniste, dans l’évolution individuelle de l’âme chez l’enfant et chez les jeunes animaux. Nous savons que le nouveau-né ne possède encore ni conscience, ni intelligence, ni jugement ou pensée personnelle. Nous pouvons suivre pas à pas le développement graduel de ces fonctions psychiques supérieures, au cours des premières années de la vie, et constater qu’il est constamment parallèle au développement anatomique de l’écorce cérébrale auquel il est lié. Les recherches sur l’ « âme de l’enfant », commencées à Iéna il y a vingt-cinq ans, par W. Preyer, ses minutieuses « Observations sur le développement intellectuel de l’homme pendant les premières années de sa vie », ainsi que les travaux complémentaires de divers physiologistes modernes ont encore confirmé, par l’ontogénie, le fait que l’âme n’est pas un être immatériel spécial, mais la somme d’un certain nombre de fonctions cérébrales liées ensemble. Quand