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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/14

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nisme que je défends depuis quarante ans. On insistait surtout sur le fait que les progrès de la réaction dans les milieux dirigeants, l’insolence croissante d’une orthodoxie intolérante, la prédominance du papisme ultramontain et les dangers qui menaçaient à sa suite la liberté de penser allemande, l’Université et l’École, — exigeaient des moyens de défense énergiques. Par hasard j’avais justement suivi, dans les derniers temps, les tentatives intéressantes que l’église orthodoxe venait de faire pour conclure avec son ennemie mortelle, la science moniste, un compromis pacifique ; elle s’était même résolue à adopter jusqu’à un certain point, (bien qu’en la falsifiant et la mutilant), notre doctrine moderne de l’évolution que depuis trente ans elle combattait violemment — et elle tentait de la réconcilier avec ses dogmes. Ce changement frappant d’attitude de la part de l’église militante me parut, d’une part, si curieux et si important, mais de l’autre si dangereux, si bien fait pour égarer les esprits que je me ravisai et résolus d’en faire l’objet d’une conférence publique et d’accepter l’invitation qu’on me faisait à Berlin.

Pendant que je rédigeais rapidement le texte de la conférence promise, on me fit savoir de Berlin que le nombre des auditeurs qui s’étaient annoncés était tel que je serais obligé, soit de me répéter dans une deuxième séance, soit de diviser mon sujet et de lui consacrer deux conférences. J’optai pour ce dernier parti, d’autant plus que mon plan s’était trouvé trop étendu. Sur les instances pressantes du public, je dus refaire les deux conférences (les 17 et 18 avril) et comme de nouvelles demandes continuaient à affluer, récla-