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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/147

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Ce jugement condamnateur porté sur le jésuitisme et le papisme a d’autant plus de valeur, que le comte de Hoensbroech est resté lui-même quarante ans au service de l’ordre des jésuites et qu’il a appris à connaître à fond toutes les ruses, tous les chemins détournés qui y sont pratiqués ; en les publiant, en les appuyant sur de nombreux documents officiels, il a rendu un service durable à la vérité et à la civilisation. Je ne faisais que répéter un jugement bien fondé chez lui lorsqu’à la fin de ma première Conférence de Berlin j’appelais le papisme, la plus grande des duperies qui aient jamais gouverné le monde intellectuel !

Une particulière ironie du sort me fit faire le même soir, (le 14 avril), l’expérience personnelle de la justesse de ce jugement. Un télégramme envoyé par câble par un reporter berlinois annonçait à Londres que j’avais pleinement approuvé la nouvelle théorie du P. Wasmann et m’étais convaincu de l’erreur du darwinisme ; j’avais reconnu, de même, que la théorie évolutionniste n’était pas applicable à l’homme, à cause de la nature distincte de son être intellectuel. Ce maudit télégramme passa de Londres en Amérique et dans les journaux de tous les pays. Il en résulta un flot de lettres de la part des adeptes stupéfiés de la théorie évolutionnsiste, qui m’interpellaient au sujet de mon incompréhensible revirement. Je crus d’abord que le faux télégramme provenait d’un malentendu ou d’une erreur de la part du reporter ; mais, par la suite, on m’annonça de Berlin que l’erreur de texte provenait sans doute d’une altération volontaire de la part d’un pieux serviteur de Dieu qui, par cet habile mensonge, cherchait à sauver la foi ; au lieu de « réfuté » il avait mis « approuvé » et au lieu de « vérité », son contraire, « erreur ».

La lutte pour la vérité dans laquelle j’ai fait depuis quarante ans les plus curieuses expériences m’a encore enrichi, par suite des Conférences de Berlin, d’un certain nombre de nouvelles impressions. Le torrent d’injures et de calomnies de toutes sortes que les journaux pieux (en tête le Messager de l’Empire, luthérien et la Germania romaine) a répandu sur moi, a dépassé toutes les bornes observées jusqu’ici. La fleur en a été recueillie par le Dr H. Schmidt (qui assistait lui-même à mes Conférences) et offerte aux lecteurs dans le second cahier de mai de la Libre parole (no 4, p. 144, Francfort-s.-M.). J’ai déjà fait allusion dans l’Appendice de l’édition populaire de mes Énigmes de l’Univers