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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/146

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traite diplomatique est effectuée par le P. Jésuite Martin Gand dans sa brochure populaire sur La Théorie de la descendance (Cologne, 1904) : « Les formes actuelles de la matière ne sont pas la création directe de Dieu, mais ce sont les effets de la force formatrice déjà déposée par le Créateur dans la matière primitive et qui se sont ensuite affirmées peu à peu au cours de l’histoire de la terre, lorsque les conditions extérieures se sont trouvées combinées plus favorablement. » (!) Remarquons bien ce revirement très net de la part de la belliqueuse Église !

Le système du mensonge, digne d’admiration, que pratiquent les Jésuites et le pape, dont les premiers forment la plus dangereuse garde du corps, n’apparaît pas seulement avec évidence dans cet impossible amalgame de la théorie évolutionniste et de la croyance religieuse, mais encore dans les explications trompeuses de Wasmann, Gander, Gutherlet et confrères. Les graves dangers dont cette fausse science jésuite menacent nos écoles et notre culture intellectuelle tout entière, n’ont été exposés par personne d’une façon aussi convaincante que, récemment, par le comte de Hoensbroech dans la préface de son ouvrage célèbre : La papauté dans son action sociale et civilisatrice (1901) : « La papauté, dans sa prétention à être une institution divine, remontant au Christ, fondateur du christianisme, investi par Dieu de l’infaillibilité sur toutes les questions relatives à la foi et aux mœurs : c’est là la suprême, la plus redoutable, la plus fructueuse erreur de l’histoire universelle tout entière. Et cette grande erreur est entourée des milliers de mensonges de ceux qui la soutiennent ; et cette erreur et ces mensonges combattent pour un système de puissance et de domination, pour l’ultramontanisme. C’est pourquoi, pour la vérité elle aussi, il n’y a que la lutte qui soit possible. — Nulle part on ne ment autant ni aussi systématiquement que dans la science ultramontaine, surtout dans l’histoire de l’Église et dans celle des papes ; et nulle part les mensonges et les déformations de la vérité ne sont choses plus pernicieuses, car elles sont devenues parties essentielles de la religion catholique. Les faits de l’histoire le proclament bien haut : la papauté n’est rien moins qu’une institution divine ; aucune autre puissance au monde n’a introduit, comme elle, la malédiction et la ruine, les sanglantes horreurs et la honte dans le sanctuaire le plus intime de l’humanité, dans la religion. »