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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/20

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du siècle qui vient de s’écouler. Sans doute, depuis plusieurs milliers d’années, des penseurs éminents et isolés parlaient du développement naturel de toutes choses ; déjà même ils avaient recherché en partie les lois qui régissent le devenir et la disparition du monde, l’apparition de la terre et de ses habitants ; il n’est pas jusqu’aux poëmes sur la création, jusqu’aux mythes des anciennes religions où l’on ne démêle quelque chose de ces conceptions génétiques. Mais l’idée d’évolution n’a trouvé qu’au cours du xixe siècle une forme précise et une légitimation scientifique fournie par diverses branches de la connaissance, — et ce n’est que dans le dernier tiers du siècle que cette idée a été universellement admise. Les liens étroits que la preuve de la solidarité dans le développement historique a établis, entre les diverses branches de la science, leur unification par la philosophie moniste : tout cela est même une conquête qui ne remonte pas au-delà de quelques dizaines d’années.

La grande majorité des conceptions primitives que l’homme réfléchi s’est faites du devenir et de l’essence du monde, ainsi que de son propre organisme, sont encore bien éloignées de l’idée d’autodéveloppement. Ces conceptions ont, au contraire, abouti à des mythes plus ou moins obscurs, relatifs à la création et dans lesquels prédominait la croyance à un créateur personnel. De même que l’homme fabrique ses armes et les ustensiles dont il a besoin, qu’il construit des maisons et des barques avec intelligence et selon un plan, — de même, le Créateur devait avoir fait surgir le monde et ses habitants, grâce à son ingéniosité et à sa raison,