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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/48

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en tant qu’être spirituel, ne peut même pas être tirée par la puissance de Dieu de la matière, comme les formes substantielles des plantes et des animaux » (p. 299).

Dans un article fort instructif, sur la « science jésuitique », (dans la Libre Parole, de Francfort, no 22, 1904), R.-H. Francé nous donne une énumération précieuse des jésuites marquants qui travaillent aujourd’hui activement dans les divers domaines des sciences naturelles. Ainsi qu’il le dit fort bien, ce qu’il y a lieu de craindre, « c’est une insinuation systématique de l’esprit jésuitique dans la science, une déformation en règle des problèmes et des réponses, une habile destruction des fondements de la science peu à peu minés ; ou, plus exactement, le danger c’est qu’on ne prenne pas assez conscience de ce danger même et que le public et jusqu’à la science elle-même, ne tombent dans le piège habilement préparé et n’en viennent à croire qu’il existe une science jésuitique, dont les résultats peuvent être pris au sérieux[1] ! »

Bien que je reconnaisse entièrement ces dangers menaçants, je suis porté à croire que le Père jésuite. Wasmann et ses collègues, — à l’encontre de leur volonté et de leur intention, — ont rendu un service extraordinaire à la science et en ont accéléré les progrès. L’Église catholique, la plus puissante et la plus nombreuse parmi les communautés chrétiennes, se voit chaque jour forcée de capituler devant la doctrine de l’évolution ; elle en adopte la partie la plus importante, la théorie de la descendance de Lamarck et de Darwin, qu’elle avait combattue violemment jusqu’en

  1. Jésuites et Naturalistes. — La sophistique des Jésuites, qui se faufile à la manière des anguilles et qui atteint, dans leur grandiose système politique du mensonge, à une perfection digne d’admiration, ne peut pas être réfutée par des arguments rationnels. Un intéressant exemple, à l’appui de mon opinion, nous a été fourni jadis par le P. Wasmann lui-même, dans sa lutte avec le docteur en médecine J. Marcuse. Dans son zèle de croyant fanatique, « le naturaliste » Wasmann s’était égaré jusqu’à exploiter la grossière supercherie d’une soi-disant « cure miraculeuse » par la grâce de « Notre-Dame d’Oostacker (la Vierge de Lourdes des Belges) ». Le Dr Marcuse eut le mérite de découvrir cette « pieuse tromperie » et de l’exposer dans toute sa stupéfiante nudité (Voix allemandes, Berlin, 1903, 4e année, no 20). En guise de réfutation scientifique, le Jésuite répondit par de sophistiques déformations de la vérité et par des invectives personnelles (supplément scientifique de la Germania, Berlin, 1902, no 43 et 1903, no 13). Dans sa réplique définitive, le Dr Marcuse déclare : « Ce que je voulais est atteint ; procurer encore une fois à l’humanité pensante un aperçu du monde d’idées que renferme la foi en la lettre morte et vide de contenu, qui ose mettre à la place de l’investigation de la nature et de la science, de la vérité et de la certitude, la plus grossière superstition et le culte des mythes curatifs. » (Voix allemandes, 1903, 5e année, no 3.)