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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/49

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ces vingt dernières années. Sans doute, elle mutile l’arbre puissant puisqu’elle en coupe la racine et le sommet ; elle rejette, en bas, la génération spontanée ou archigonie, en haut, la parenté de l’homme avec une série de vertébrés, ses ancêtres. Mais ces mutilations sont sans importance durable. La biologie impartiale n’y fera pas attention et retiendra la concession faite par l’Église, qui accorde que les espèces les plus compliquées, parmi les organismes vivants, sont issues, par transformation, suivant les lois du darwinisme, d’une série de formes originelles plus simples. La croyance à une création surnaturelle ne vaut plus que pour la création des formes originelles les plus anciennes et les plus simples, desquelles les espèces naturelles tirent leur origine ; c’est ainsi que Wasmann désigne l’ensemble des espèces qui descendent manifestement d’une forme ancestrale commune, c’est-à-dire ce que tous les autres savants, dans leur classification, appellent des familles. C’est ainsi qu’il réunit en une seule « espèce naturelle » les 4 000 espèces de fourmis de son système, convaincu qu’il est de leur communauté d’origine ; d’autre part, l’homme, à lui seul, forme une « espèce naturelle » isolée, sans rapport avec les autres mammifères.

La pure sophistique jésuitique, dont Wasmann fait preuve dans cette distinction artificielle des « espèces systématiques et naturelles », apparaît en outre, dans ses « réflexions philosophiques sur la théorie de l’évolution » (ch. VIII), dans sa subtile distinction entre les aspects philosophique et scientifique de cette théorie, entre le développement dans une même famille et celui