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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/56

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était destiné à ne céder la place que beaucoup plus tard à l’idée rationnelle du développement naturel dans le domaine des sciences organiques. Sur ce terrain, la lutte soulevée par l’idée d’évolution n’a guère abouti qu’au début du xxe siècle à un triomphe complet, en ce sens que l’adversaire la plus acharnée et la plus redoutable de l’évolutionnisme, l’Église, vient de se voir contrainte d’y adhérer. L’aveu public du P. jésuite Wasmann est, à cet égard, du plus grand prix ; on peut, dès à présent se demander anxieusement quelle sera l’évolution ultérieure de ce prêtre. Si sa force de conviction et son courage moral sont assez puissants, il déduira les conséquences de sa profonde connaissance de la nature, et refusera de faire plus longtemps partie de l’Église romaine, ainsi que cela est arrivé dernièrement pour deux jésuites de valeur, le comte Hœnsbroech, homme de mérite, et le professeur Renard, de Gand, géologue pénétrant, qui avait exposé les résultats de l’expédition du « Challenger » pour l’étude des dépôts de la haute mer. Mais quand bien même Wasmann ne suivrait pas cet exemple, son adhésion partielle au darwinisme, en tant que représentant de l’église chrétienne, n’en constituerait pas moins une étape dans l’histoire du transformisme. Sa tentative artificieuse, toute jésuitique, pour unifier ces deux pôles opposés, n’aura pas d’action durable ; elle servira, en revanche, à hâter la victoire de l’idée scientifique d’évolution sur la croyance mystique à la création, telle que la propage l’Église.

Ces choses, je l’espère, vous apparaîtront plus claires encore si j’aborde aujourd’hui l’examen critique du problème particulier le plus important parmi ceux que