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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/57

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soulève la théorie de la descendance, de cette « parenté » si redoutée de l’homme avec le singe, — et si je vous montre qu’elle est inconciliable avec le dogme traditionnel de l’Église, selon lequel Dieu aurait créé l’homme à son image. Que cette « théorie du singe », ou théorie pithécoïde soit une conséquence nécessaire et logique du transformisme, c’est ce dont la pénétration de l’Église s’était déjà clairement aperçu il y a quarante-cinq ans, sitôt après l’apparition du grand ouvrage de Darwin ; et c’est cela qui lui avait paru constituer le plus solide motif du combat énergique qu’elle avait livré au darwinisme. C’est très clair : Ou bien l’homme, tout comme les autres espèces animales, a été produit par un acte particulier et surnaturel de la création divine, ainsi que l’enseignent Moïse et Linné (le célèbre Agassiz, en 1858, appelle encore l’homme « incarnation d’une idée divine de la création ») ; ou bien l’homme est issu, par une transformation naturelle, d’une série d’ancêtres mammifères, comme le prétend la théorie de la descendance de Lamarck et Darwin.

Vu l’extraordinaire importance de cette théorie pithécoïde nous jetterons d’abord un rapide regard rétrospectif sur ses fondateurs, après quoi nous examinerons de près les arguments qui témoignent en sa faveur. Le grand biologiste français, J. Lamarck, fut le premier naturaliste qui soutint nettement que « l’homme descend du singe » et essaya de l’établir scientifiquement ; dans sa grandiose Philosophie zoologique par laquelle il devançait son temps de cinquante ans (1809), Lamarck exposait avec clarté les modifications et les progrès qui avaient dû s’accomplir dans la transformation, jusqu’à