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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/62

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généalogiques des animaux, susciteraient des améliorations et des recherches nouvelles. Sur ce point, je m’étais fortement trompé. L’école alors régnante, celle de l’anthropologie allemande en particulier, repoussa l’introduction de la théorie de la descendance, comme étant une hypothèse non fondée et déclara que les arbres généalogiques, édifiés au prix de tant de réflexion, n’étaient que des constructions vides et fantaisistes. En première ligne, cette attitude hostile s’expliquait, ainsi que je l’ai déjà brièvement indiqué avant-hier, par la grande autorité du fondateur de la société anthropologique, qui fut longtemps son président, R. Virchow. Vu le renom extraordinaire dont ce grand naturaliste jouit, à Berlin précisément, et vu les difficultés énormes que rencontra par suite de l’opposition qu’il lui fit, la théorie de la descendance, il est indispensable que nous insistions ici sur l’attitude de Virchow en face de l’évolutionnisme. Ce devoir s’impose d’autant plus à moi que des idées tout à fait erronées circulent sur ce sujet, idées que je suis à même de redresser puisque j’ai connu le grand savant qui a été mon maître, pendant cinquante ans.

Entre tous les nombreux élèves et amis de Virchow, nul ne peut apprécier plus que moi les services réels qu’il a rendus à la science médicale. La « pathologie cellulaire » du maître (1858), application conséquente de la théorie cellulaire à la pathologie, constitue, selon moi, le plus grand progrès accompli par la médecine moderne. J’ai eu, moi-même, le bonheur de commencer mes études médicales en 1852, à Würzbourg et de les poursuivre avec le plus grand fruit, six semestres du-