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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/68

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Depuis le tournant décisif que marque, dans la vie de Virchow son discours de Munich, jusqu’à sa mort, c’est-à-dire pendant vingt-cinq ans, il est resté l’infatigable et puissant adversaire de la théorie de la descendance. Dans les Congrès où il se rendait chaque année, il n’a cessé de combattre cette théorie et, en particulier, il s’est obstiné à défendre sa phrase : « Il est absolument certain que l’homme ne descend ni du singe ni d’aucun autre animal. » À la question : « D’où donc, alors, vient-il ? » Virchow ne trouvait pas de réponse et il se réfugiait dans l’attitude résignée des agnostiques, prédominante jusqu’à Darwin : « Nous ne savons pas comment la vie est apparue ni comment les espèces se sont produites sur terre. » Le gendre de Virchow, le professeur Rabl a récemment tenté de ressusciter le premier point de vue du maître et il a prétendu que Virchow, même dans la dernière période de sa vie, reconnaissait pleinement le bien fondé de la théorie de la descendance lorsqu’il causait avec quelque interlocuteur. Ce ne serait que plus mal de sa part d’avoir toujours professé le contraire en public. Un fait demeure certain, c’est que depuis 1877 tous les adversaires de la théorie de la descendance, les réactionnaires et les cléricaux avant tous les autres, invoquent la haute autorité de Virchow.

La conception tout à fait rétrograde de l’Univers qui s’est trouvée par suite favorisée, a été très justement appréciée par Robert Drill (1902), dans son opuscule sur : « Virchow réactionnaire ». À quel point le grand pathologiste était incapable de comprendre sur quel fondement scientifique reposait la « théorie pithécoïde ».