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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/69

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c’est ce dont témoigne l’absurde phrase qu’il prononça en 1894, à Vienne, dans son discours solennel d’ouverture du Congrès des Anthropologistes, à savoir : « Que l’homme pourrait aussi bien descendre du mouton ou de l’éléphant que du singe ». Tous les zoologistes compétents seront obligés de conclure à une ignorance surprenante de la zoologie systématique et de l’anatomie comparée. Cependant, l’autorité de Virchow, président de la société allemande d’anthropologie, restait inébranlée et il était impossible aux idées darwiniennes de se faire jour. Même des lutteurs aussi énergiques que C. Vogt, des défenseurs de l’homme pithécoïde du Neandertal aussi versés dans les sciences que Schaaffhausen, ne parvinrent pas à triompher de l’opposition. Cette autorité demeura pendant vingt ans, tout aussi puissante dans la presse berlinoise, dans les journaux libéraux aussi bien que dans les journaux conservateurs. Le Journal de la Croix et le Journal de l’Église évangélique étaient ravis que « le progressiste érudit fût, en ce qui concernait l’évolutionnisme, conservateur au meilleur sens du mot » ; la « Germania » ultramontaine, jubilait de ce que l’austère représentant de la science pure « eût mis, par de véritables coups de massue, la ridicule théorie pithécoïde et son principal défenseur E. Haeckel, hors d’état de nuire » ; le Journal National ne pouvait pas assez remercier le citoyen libéral qui nous avait délivrés à jamais du cauchemar opprimant de l’origine pithécoïde ; le rédacteur du Journal du peuple, Bernstein qui, dans ses excellents manuels scientifiques populaires, avait tant fait pour le progrès des lumières, se refusait obstinément