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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/78

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Dans un ouvrage de luxe, richement illustré et fort répandu, dont Hans Kraemer a commencé la publication il y a quelques années sous le titre de Cosmos et humanité, un anthropologiste intelligent et instruit, le professeur Klaatsch, d’Heidelberg, s’est chargé de traiter « de l’apparition et de l’évolution de la race humaine » et il a, en particulier, fort bien exposé l’histoire des origines de l’homme et de sa culture primitive. Il combat, cependant la doctrine « qui fait descendre l’homme du singe », il la déclare « absurde, mesquine et fausse » ; il invoque, à l’appui de son jugement rigoureux, ce motif qu’aucun des singes actuellement vivants ne saurait être l’ancêtre de l’homme. Un argument aussi insensé n’avait jamais encore été invoqué, par aucun naturaliste au courant de la question. Mais si l’on observe de plus près ce « combat de moulin à vent », on s’aperçoit, qu’au fond, l’opinion de Klaatsch sur la théorie pithécoïde est la même que celle qui, depuis 1866, est soutenue par moi. Il dit expressément : « Les trois singes anthropoïdes, le gorille, le chimpanzé et l’orang-outang nous apparaissent comme les rameaux issus d’une racine commune, très proche de celle dont proviennent à la fois le gibbon et l’homme. » Cette forme hypothétique, racine unique de tous les primates et qu’il appelle « primatoïde », est celle que j’avais désignée depuis longtemps du nom d’archiprimate ; elle existait dès le début de l’âge tertiaire et s’était sans doute développée au cours de la période crétacée, issue des mammifères primitifs qui vivaient alors. L’hypothèse fort artificielle et invraisemblable à laquelle Klaatsch recourt pour établir un abîme profond entre les