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Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/114

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de doute que Lady Om est une femme habile. Elle est extrêmement rusée dans sa conduite envers l’empereur, dont le profond attachement pour elle est un curieux paradoxe. Lady Om est d’âge mûr, grosse et peu enjouée. Son visage est troué de petite vérole ; ses dents sont mal plantées ; sa peau est de couleur safran. Il y a comme une nuance de strabisme dans ses yeux noirs, un ressouvenir possible du fléau qui afflige tous les Coréens. Elle se farde très peu et elle évite l’ail. Son pouvoir sur l’empereur est extraordinaire. Sauf à de rares intervalles, et seulement lorsque Lady Om a donné son consentement à l’introduction d’une nouvelle beauté, il n’a de regards pour aucune autre femme. Cependant Lady Om n’a pas toujours été une beauté de la cour ; elle n’a pas toujours été l’astre éblouissant du harem impérial. Ses amours font partie de l’histoire coréenne ; sur ses cinq enfants, deux appartiennent à l’empereur ; l’un d’eux peut devenir l’héritier du trône de son père.

Lorsqu’elle était jeune fille, elle devint la maîtresse d’un Chinois ; fatiguée de lui, elle conquit les bonnes grâces et les faveurs d’un ministre faisant partie du cabinet. Il la fit entrer au service de la feue reine, dont elle avait fait la connaissance chez son père, domestique de bas étage au palais et logeant dans l’enceinte. À l’époque où elle entra au service de la reine, Lady Om avait fait cadeau d’un enfant à chacun de ses amants respectifs. Comme la vertu des femmes au service de la reine doit nécessairement être garantie, ses anciens admirateurs gardèrent leur secret pour la sûreté de leur tête. Lady Om faisait montre de talents qui la distinguaient parmi les autres jeunes filles de la suite. Elle chantait à la perfection, dansait avec une grâce achevée, peignait non sans délicatesse ni originalité, et elle lisait, écrivait