Aller au contenu

Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’intéresser et où les tracas causés par les préparatifs de mon voyage à Vladivostock avaient commencé à me porter sur les nerfs, la transition me ravissait. Quand la lune se dégagea des nuages noirs, pendant que nous remontions le courant rapide de la rivière, les contours abrupts des falaises, de l’autre côté de l’eau, me prouvèrent la réalité de la transformation. Pendant les premières heures de la nuit, je demeurai éveillé, jouant avec les bulles et l’écume de l’eau, dans un complet ravissement. Je résolus de flâner pendant quelques jours dans les petites îles de la rivière, m’arrêtant pendant la chaleur et continuant ma route la nuit ou au crépuscule, à l’heure où on pouvait abattre des oiseaux de mer pour notre marmite et pêcher du poisson pour le déjeuner. Combien il était délicieux de plonger dans ce courant rapide et combien de fois me suis-je baigné à l’ombre, au bord des îles ! Tous les soucis s’en étaient allés en ces jours passés à folâtrer, et mon esprit, fatigué par la tension de deux mois de voyage et les rigueurs de deux expéditions, reprenait ses forces. Je passai ensuite plusieurs semaines agréables dans le monastère bouddhique de l’île de Kang-wha, perché sur un pic élevé et où je pouvais voir, de ma fenêtre, des milles et des milles d’un paysage admirable se dérouler sous mes yeux.

L’estuaire d’eau salée du Han est profond et sujet aux tempêtes ; des quantités de navires et de petits bateaux le fréquentent. La rivière elle-même ne commence qu’à vingt milles de l’embouchure, et l’étendue d’eau intermédiaire appartient plutôt à la mer. Au-dessus de Chemulpo, où la force du courant du Han ne se fait guère sentir, la vitesse du flot est de cinq nœuds à l’heure. Cette vitesse augmente dans les endroits où la rivière se rétrécit. À