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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/210

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tâchez de vous persuader de l’importance de détruire le convoi ; laissez-moi le soin du reste. »

Cependant le convoi était parti de Gondelour sous le commandement d’un vétéran des guerres de l’Inde, le major Lawrence, qui avait sous ses ordres Clive, l’âme de l’expédition. Dupleix en informa aussitôt le commandant de l’armée : « Veillez sur la route que suivent les Anglais, lui disait-il ; vous avez été averti à temps ; il est de votre honneur de détruire le secours… Tout dépend de ce coup. Ne négligez rien pour réussir. Je vous laisse carte blanche. » Law, certainement, à l’approche du danger, allait oublier ses doutes et se mettre à la hauteur des circonstances. Dupleix le croyait déjà en marche, à la rencontre du convoi. Il n’en était rien. L’idée de se réfugier à Sheringam hantait plus que jamais la cervelle de Law, qui s’en ouvrait de nouveau à Dupleix. « Sans doute que vous n’oserez pas prendre ce parti sans consulter vos officiers, répondait le gouverneur. La chose en vaut la peine. Vous sentez bien qu’elle ne jettera pas un grand lustre sur notre réputation. Il me paraît que toutes les réflexions que je vous ai faites ne vous ont pas touché. Au moins, si ce parti pouvait servir à détruire le convoi, il y aurait de quoi se consoler, mais c’est à quoi il me paraît que vous pensez le moins, ce qui me chagrine infiniment… Je vous avertis de tout ; qu’en arrivera-t-il ? Dieu le sait… Je vois de plus en plus à quoi m’en tenir. J’y suis résigné, et ce que j’apprendrai ne me surprendra plus… Il sera pourtant difficile de persuader en France que trente mille hommes en aient laissé passer deux mille, embarrassés d’un charroi et d’un transport effroyables… Quand