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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/65

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prête au sacrifice, dès qu’on lui démontrerait l’intérêt de la patrie.

« Cette entreprise contre Madras, lui disait-il, est la seule qui puisse nous indemniser et honorer notre nation dans l’Inde. Je ne puis approuver votre plan d’abandonner ce projet pour un autre qui ne mérite ni votre attention, ni la mienne, et dont les conséquences seront honteuses et ruineuses pour nous. L’escadre anglaise subsistant et Madras n’étant pas pris, votre voyage dans les Indes peut être regardé comme inutile. »

La force de ces arguments triompha du mauvais vouloir de La Bourdonnais, qui le 13 août au matin mit à la voile. Il apprit le 14, devant Karikal, que les vaisseaux anglais croisaient à soixante lieues au delà de Negapatam, vers Ceylan. Il eut comme un soubresaut d’énergie, et appréciant très-bien les avantages que la flotte ennemie lui offrait, il prévint Dupleix que les circonstances lui donnaient de toute façon dix à douze jours d’avance sur les Anglais. « Je compte les employer ainsi : je ne dois rester à Pondichéry que trois heures au plus pour embarquer les cipayes. En deux jours je serai rendu devant Madras. Un jour pour descendre, un jour pour reconnaître, faire une batterie de mortiers et préparer l’assaut. La nuit du 3 au 4 ou du 4 au 5, j’attaque ; si tout n’est pas fini le jour, ce sera le lendemain, où nous devrons nous rembarquer. Donc, sept à huit jours après mon départ de Pondichéry, tout sera fini. Je serai chez vous le 19 ou le 20 ; tenez tout prêt. » La réussite de ce plan était certaine. La Bourdonnais avait donc enfin recouvré les deux facultés