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Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/215

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LA VIE INTÉRIEURE.

Plus de sommeil conquis près des gorges conquises,
Plus d’alanguissement sous l’ombre des forêts ;
Et c’est fini du rire et des chansons exquises
Qu’entonnaient au réveil les départs sans regrets…


La caravane errante a trouvé sa patrie :
Éden des derniers jours et des premiers repos,
Où, quand tombe le soir sur la mousse fleurie,
Les grands baisers puissants se couchent par troupeaux.


Vallon tiède et lascif, parc et berceaux d’Armide ;
Empire extasié des fleurs et des oiseaux,
Où l’on entend, la nuit, glisser dans l’air humide
Le gazouillis léger des eaux sous les roseaux…


Jardin universel, charme total du monde ;
Sérail de voluptés changeantes, où l’amour
Mêle le baiser brun et la caresse blonde,
Tour à tour, et sans fin ni trêve, et tour à tour.