Aller au contenu

Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


201
MIDI.

Paysage alterné du Pôle et du Tropique
Où toutes les ardeurs suivent tous les frimas ;
Golfe où l’âme s’endort, sous un vent balsamique,
Dans la chanson des flots et le roulis des mâts.


Des piments et des lis, des menthes et des mauves ;
La ferveur des Simouns, la fraîcheur des caveaux ;
La grâce des serpents et la fierté des fauves,
Et le rire incessant des ciels toujours nouveaux…


Ô Seule ! Ô Chanaan ! Terre des aromates !
J’allais : tu m’apparus dans le reflet vermeil
Dont tes contours vibrants doraient leurs splendeurs mates,
Comme une île de marbre au coucher du soleil.


Et je te reconnus, Femme, sans t’avoir vue,
Toi qui devais courber mes rêves sous ta loi,
Verser à tous mes sens l’ivresse jamais bue,
Et dépeupler mes cieux pour les peupler de toi !