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Page:Haraucourt - La Peur, 1907.djvu/221

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LA BOMBE

quatre ans, vous avez lu ce que vous appelez mon histoire : le Policier révolutionnaire, — Agent de la Sûreté compromis dans un complot anarchiste. On a imprimé ça en manchettes, et j’ai eu mon heure de célébrité. Faute de preuves, on m’a relâché, mais révoqué, à cause de mes fréquentations. Voilà ce que vous savez, n’est-ce pas, et vous croyez savoir quelque chose ? Je vais vous la dire, moi, la vérité, et elle ne ressemble guère à celle des journaux.

J’étais employé à la Préfecture, c’est vrai : j’y avais même un bel avenir ; mes chefs étaient d’accord pour reconnaître en moi des qualités assez rares, et, quand il fallait pister quelque affaire délicate, qui demandait de la prudence, de l’ingéniosité, de la décision, tout de suite on appelait Jarguina. Vous pouvez consulter mes notes, elles existent encore : « Sujet d’élite, enquêteur exceptionnel, destiné à sortir promptement des emplois subalternes, etc. » Don Alejo Salas y Menezès, qui était alors préfet de la police, a daigné me mander à son cabinet, en trois occasions difficiles, pour causer avec moi d’affaires qui m’étaient confiées : il n’arrive