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Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/20

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sans respirer. Cependant les mouvements du cœur subsisteront ; et on les verra persister même alors qu’on sera déjà suffoqué par le défaut de respiration[1].

Les mouvements du cœur sont aussi indépendants du cerveau. Les rapports du cœur au cerveau s’établissent par les veines jugulaires, les artères carotides et les nerfs accolés à ces artères. On peut (pour éviter l’effusion du sang) lier les vaisseaux et couper les nerfs, sans modifier les battements du cœur : toutes les artères continueront à avoir des pulsations, sauf les artères de la tête qui sont placées au-dessus de la ligature et séparées du cœur. L’animal perdra la voix, mais continuera à sentir et à penser. Par conséquent le cerveau est indépendant du cœur, comme le cœur du cerveau[2]. Ainsi le cœur est le principe du mouvement des artères ; le cerveau est le principe du mouvement volontaire. Sur les animaux qu’on sacrifie dans les fêtes religieuses, on voit que, même lorsque le cœur est arraché de la poitrine et placé sur l’autel, l’animal continue à respirer, à crier, à se débattre, jusqu’à ce qu’ayant perdu tout son sang il tombe inanimé. Au contraire, les taureaux à qui on a coupé l’origine de la moelle épinière, à la première vertèbre cervicale, non seu-

  1. De utilitate respirationis. Éd. Kühn, t. IV, p. 479.
  2. Si les artères vertébrales étaient interceptées comme les carotides, on ne pourrait plus observer cette intégrité des fonctions du cerveau.