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Page:Harvey - Les demi-civilisés, 1934.djvu/108

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les demi-civilisés

Sans bruit, un homme nous avait rejoints. Il portait une robe en forme de sac noir. On ne voyait que sa tête et le bout de ses mains.

Tout à coup, par enchantement, quatre autres hommes, tout pareils au premier, surgirent à nos côtés.

La lune parut, et les hommes mystérieux, d’un geste lent, enlevèrent la peau de leur visage et la roulèrent comme un gant dans le creux de leur main. Il ne resta plus d’eux que des squelettes, portant au bout de leurs doigts rougis de sang la peau froissée de leur face.

En un rire à donner la chair de poule, ils ordonnèrent à mon cruel compagnon de route de périr de la même façon qu’il avait fait mourir les petits enfants.

Lui ne parut pas étonné et resta impassible.

Eux, après un nouveau rictus, remirent sur leur visage leur peau, qui se recolla sur les os. Et ils redevinrent humains. Ils entr’ouvrirent les rideaux de la forêt et nous laissèrent passer sous une arche de chair végétale. Mille voix railleuses sortaient des troncs d’arbres.

Sur la rive, les inconnus se rangèrent près de l’eau, tandis que l’homme monstrueux glissait dans le lac, doucement, en tenant des glaïeuls. Quand le flot couvrit sa chevelure, en bouillonnant de son dernier souffle, les hommes qui le regardaient éclatèrent de rire.

Douze petits enfants, ceux-là mêmes qui s’étaient engloutis tout à l’heure, reparurent à la surface, tenant