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Page:Harvey - Les demi-civilisés, 1934.djvu/109

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les demi-civilisés

toujours des glaïeuls, et, parmi ces cadavres, je crus reconnaître celui de Dorothée.

Le cauchemar s’évanouit avec le lever du soleil. Mes yeux, en s’ouvrant, chassèrent la vision d’épouvante.

Brisé par la nuit, je sonnai ma vieille bonne, Philomène, et lui demandai mon café. D’ordinaire, je ne lui adressais jamais que des ordres. Cette fois, je lui demandai :

— Philomène, le monde est méchant, n’est-ce pas ?

— Je vous cré, m’sieur, qu’il est méchant. Y a du monde pour martyriser les autres. Mais vous, vous êtes un ben bon garçon.

— Merci, Philomène !

***
**
*

Je vécus le mois le plus pénible de mon existence. Comment me faire à l’idée de ne plus voir ma bien-aimée ? Trois années durant, nous avions eu une existence presque commune. Plusieurs fois la semaine, elle venait dans mon cabinet de travail, où nous bavardions des heures. Elle s’assoyait sur ma table, dérangeait mes papiers, allumait une cigarette, riait de mes