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Page:Harvey - Les demi-civilisés, 1934.djvu/223

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les demi-civilisés

qu’on eût dit une statue de neige en mouvement sur la voie balayée par la poudrerie !

Quelques pas encore, et Dorothée s’abat, épuisée, presque inconsciente, sur le seuil de ma porte.

Un engourdissement, quelque chose de très doux et de très fort s’empare de son être. Il lui semble, tant elle a souffert, que sa douleur s’endort et qu’une délicieuse chaleur envahit ses membres.

Il ne faut pas rester là. Dans un instant de lucidité, elle pense qu’elle ne saurait s’immobiliser sans en mourir.

En un effort suprême, elle se soulève. Sa main qu’elle ne sent plus, sa main dure et blanche comme du marbre, atteint le bouton de la sonnerie. Elle sonne, elle sonne, sans s’en rendre compte.

Elle retombe, définitivement cette fois. Elle ne se relèvera plus d’elle-même. Encore un peu et la mort va venir.

***
**
*

Réveillé en sursaut par la sonnerie, j’avais d’abord songé à ne pas me déranger. Ma montre marquait cinq