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Page:Harvey - Les demi-civilisés, 1934.djvu/224

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les demi-civilisés

heures. Qui donc venait si tôt ? Peut-être un ami sortant d’un « party » au petit jour.

Allons toujours voir, me dis-je.

J’accours et ouvre ma porte. Une rafale mêlée de neige s’engouffre dans ma robe de chambre et me fait frissonner.

Sur mes pieds tombe une tête à chevelure noire. Je regarde. Ce sont les traits de Dorothée.

Je me penche sur cette forme inerte et touche les jolis bras étendus sur la glace.

C’est elle ! Mourante de froid !

J’emporte Dorothée et la couche sur un divan.

Pendant que j’envoie chercher le médecin et fais appeler les amis Hermann et Lucien, j’essaie de réchauffer celle qui, peut-être, va mourir pour moi.

Bientôt, elle ouvre les yeux.

— Dorothée ! Dorothée ! Parle-moi ! C’est moi, Max, oui, ton Max qui veut te sauver.

On entend comme un souffle sortir de ses lèvres exsangues :

— C’est toi, Max ? Où étais-tu allé ? Je t’avais perdu de vue dans la tempête… Je te retrouve… Marchons vite !… Elle est bien légère, ma robe de mariée, par ce froid… Il doit y avoir du feu chez vous… Je veux m’y réchauffer toujours… toujours…

— Dorothée, ma chérie !

— Ne me laisse pas tomber dans la neige, mon cher amour… Je n’épouserai pas l’autre, tu sais… Allons