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Page:Harvey - Les demi-civilisés, 1934.djvu/81

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les demi-civilisés

Il faut être aussi tout amour, me répond une voix intérieure. Tout amour ! Le souvenir de Dorothée revient. À ce moment même, la sonnerie du téléphone :

— Mademoiselle Meunier à l’appareil.

— Quelle joie de vous entendre !

— Venez ce soir, rue des Bernières. Nous déciderons d’une affaire qui vous touche de très près. Entendu ?

— J’y serai, merci !

À neuf heures du soir, j’entrais chez les Meunier. On me conduisit, par un couloir, vers un escalier descendant à un sous-sol appelé, en cette ville, « rat’s killer ». C’était une pièce somptueuse, lambrissée de marbres de diverses couleurs, où dominaient le gris, le rose et le bleu. Une mosaïque, formant les dessins les plus imprévus et les plus fantaisistes, couvrait le plancher. Au fond, assis dans de larges fauteuils de cuir rouge, Dorothée et son père m’attendaient.

Après les présentations, Meunier, en homme pratique et peu habitué aux détours, jeta l’amorce :

— Ma fille, qui vous connaît à peine, s’intéresse à votre avenir. Pouvez-vous comprendre ça, vous ?

— Je n’y vois qu’un effet de sa grande bonté. J’en suis fort touché.

— La gaillarde, je crois qu’elle s’est emballée pour un type comme vous, et vous le savez bien ! Mes félicitations, jeune homme. Vous êtes bon cavalier pour en arriver là. Dorothée est une pouliche difficile à dompter.

— Papa, il s’agit bien de moi et de mon vilain carac-