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Page:Hawthorne - Contes étranges.djvu/16

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CONTES ÉTRANGES

délicates et de la surveillance assidue que réclamait l’opération projetée.

Pendant la durée du traitement et pour en assurer le succès, Georgina devait s’abandonner au repos le plus absolu. Ils s’enfermèrent dans un vaste appartement où se trouvait le laboratoire témoin des belles découvertes qui, durant sa studieuse jeunesse, avaient mérité au chimiste l’admiration du monde savant. C’est là que, penché sur ses livres, le front pâli par l’étude, il avait trouvé les lois qui régissent les courants atmosphériques, sondé les profondeurs de la terre et entrevu les richesses qu’elle cache dans son sein. Là il avait deviné l’origine des volcans, ces cheminées naturelles du globe, et suivi d’un regard assuré le cours souterrain des sources qui jaillissent, tantôt pures et limpides, tantôt chargées des corps les plus divers et douées des plus merveilleuses propriétés.

C’est dans ce discret asile qu’il avait étudié la structure du corps humain, et tenté de découvrir les mystérieux procédés au moyen desquels la nature combine tant d’éléments différents pour en former l’homme, son chef-d’œuvre. Mais il avait depuis longtemps abandonné cette recherche suprême, après avoir reconnu, comme tant d’autres, que notre mère commune, bien qu’elle paraisse travailler au grand jour, se contente de nous montrer des résultats et tient secrets ses procédés de fabrication. Elle nous permet d’entretenir et de réparer, mais non de créer nous-mêmes.

Aylimer se mit donc à l’œuvre, non plus mû par des espérances chimériques, mais pour se livrer à des expériences purement physiologiques de nature à le guider dans les soins qu’il allait donner à sa femme.