Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/466

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
453
de la caractérisation.

sens et l’esprit qui résident en eux. Or, c’est là ce que nous montre une exposition vraiment historique, qui n’accueille pas tous les faits extérieurs, mais se contente de mettre en lumière ceux où cet esprit intérieur se développe d’une façon vivante. Telle est aussi la manière dont le peintre doit nous mettre sous les yeux, par les procédés de son art, le sens spirituel et le caractère de la figure. S’il y réussit parfaitement, on peut dire qu’un pareil portrait est, en quelque sorte, plus fidèle, plus ressemblant à la personne, que la personne elle-même. Albrecht Dürer a fait de pareils portraits. Avec peu de moyens, les traits ressortent si simples, si déterminés, si grandioses, que nous croyons voir poser devant nous toute une vie intellectuelle. Plus on considère une pareille image, plus on voit profondément au dedans, et plus on voit aussi au dehors. Il semble que ce soit un dessin exécuté avec verve et avec esprit, qui rend parfaitement les traits caractéristiques et ne revêt le reste de couleurs et de formes, qu’autant qu’il le faut pour offrir une plus grande vérité sensible et donner plus de finesse à l’ensemble, sans entrer, comme la nature, dans les détails de la vitalité simplement matérielle. Ainsi, dans un paysage réel, la nature a peint, dessiné et coloré chaque feuille, chaque petite branche, chaque herbe, avec la môme perfection. La peinture de paysage ne doit pas vouloir la suivre dans ce travail infini, mais se borner à représenter les détails conformément au caractère général que l’en-