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peinture.

semble exprime. Et si, quant à l’essentiel, elle reste caractéristique et individuelle, elle ne va pas jusqu’à portraiturer les particularités en soi, en imitant servilement la nature dans ses filaments, ses dentelures, etc.

Dans la figure humaine, le dessin de la nature c’est le squelette ; ce sont les parties dures autour desquelles les parties molles se placent et se développent avec leurs accidents divers. Mais le dessin caractéristique du portrait, quelqu’importantes que soient les parties dures, consiste dans d’autres traits fixes, dans le visage façonné par l’esprit. On peut dire, en ce sens, d’un portrait, que non seulement il peut flatter, mais qu’il le doit ; car il doit négliger ce qui appartient aux simples accidents de la nature et ne reproduire que ce qui contribue à exprimer le caractère de l’individu dans son essence la plus propre et la plus intime. Aujourd’hui, il est de mode de donner à toutes les figures, pour les rendre aimables, un air souriant ; cette tendance est fort dangereuse et difficile à maintenir dans les limites. Cela peut être gracieux ; mais la simple bienveillance que l’on contracte dans les habitudes de la société et qui se confond avec la politesse chez l’homme du monde, n’est pas un trait essentiel de caractère. Sous le pinceau de beaucoup de peintres, elle dégénère très facilement en fade douceur.

Cependant, quoique la peinture, dans toutes ses représentations, suive un principe analogue à celui qui domine dans le portrait, elle doit toujours ap-