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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/106

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Au féroce vainqueur ouvrant le paradis,
Par-delà les dangers lui montroit les houris.
Veux-tu, plus curieux, t’instruire, et mieux connoître
Les effets du plaisir, ce qu’il peut sur ton être,
Et quel principe actif, puissant et général,
De toute éternité mut le monde moral ?
Pénetre dans ton cœur ; que ton œil examine
De la société l’enfance et l’origîne ;
Vois ce moment où Dieu créa cet univers :
Il commande : le feu, l’eau, la terre et les mers,
S’arrondissent en globe, et l’espace docile
A reçu dans ses flancs la matiere immobile.
De mille astres épars Dieu maintenant l’accord,
Y porte la chaleur, la force et le ressort.
Pour premier habitant de ce monde visible
Sa main a créé l’homme ; il naît, il est sensible ;
Il connoît le plaisir et ressent la douleur,
Et déjà l’amour-propre a germé dans son cœur.
Cet amour, en tout temps armé pour sa défense,
Même dans son berceau protege son enfance ;
Et, contre tout danger devenu son appui,
Dans sa décrépitude il veille encor sur lui.
Je dois à cet amour ma joie et ma tristesse,
Mes craintes, mes fureurs, mes talents, ma sagesse.