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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/107

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En tout temps cet amour, allumant mes desirs,
Me fait fuir la douleur et chercher les plaisirs.
Parmi ceux que je goûte il en est un suprême :
Tout autre à son aspect disparoît de lui-même
Comme un spectre léger fuit à l’aspect du jour ;
Et ce plaisir suprême est celui de l’amour.
Ses feux brûlent Adam ; il voit Eve, l’admire,
L’aime, l’embrasse, et cede au charme qui l’attire.
Il est pere : ses fils se nourrissent de glands.
Dans des autres profonds et creusés par le temps,
L’un de l’autre d’abord écartés sur la terre,
Sans or et sans besoins, ils ont vécu sans guerre.
Victimes ou vainqueurs des ours et des lions,
Rois ensemble et sujets dans de vastes cantons,
Ils suivent tous l’instinct de la simple nature.
Leur nombre enfin s’accroît ; la terre, sans culture,
Déjà ne fournit plus d’assez riches présents
Pour sauver de la faim ses nombreux habitants.
L’art vient à leur secours : il a fouillé la mine ;
Il en tire le fer ; il le fond, il l’affine.
Ce métal sur l’enclume est en soc façonné ;
Attelé sous le joug le bœuf marche incliné.
Le besoin, le plaisir, sources de l’industrie,
Ont fécondé la plaine, émaillé la prairie,