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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/114

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FRAGMENT
D’UNE ÉPÎTRE
SUR LA SUPERSTITION.

Dans tout empire, un corps, quelque soit sa sagesse,
Vers sa propre grandeur tend et marche sans cesse.
Sous le prétexte vain de l’intérêt des dieux
C’est le sien que chérit ce corps ambitieux.
Dans ses hardis projets, constant, invariable,
À ses membres il prête un appui redoutable.
Par de séveres lois n’est-il point contenu ?
Il marche sourdement au pouvoir absolu.
Qui peut armer pour lui la publique ignorance
Des princes outragés ne craint point la vengeance.
Qu’a-t-il à redouter des magistrats, des lois ?
L’interprete des dieux est au-dessus des rois ;
Lui seul de la vertu peut distinguer le vice ;
Lui seul devient alors juge de la justice :
À ce titre il a droit de commander à tous.
Pour conserver ce droit dont il étoit jaloux,