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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/14

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Aux prieres, aux cris sa pudeur a recours :
Vains efforts ; le ruisseau réfléchit leurs amours.
Vainement la naïade en ses grottes profondes
Dérobe ses beautés sous le crystal des ondes ;
L’Amour plonge, l’atteint ; l’embrasse dans les flots,
Et le feu du désir s’allume au sein des eaux.
Dans ces lieux, de jouir tout s’occupe sans cesse.
C’est ici que l’Amour, prolongent son ivresse,
Découvre un nouvel art d’irriter les désirs,
Et d’y multiplier la forme des plaisirs.
Je le sens, dis-je alors, tout sage est Sybarite.
Cherche-t-on le bonheur ? c’est ici qu’il habite.
Reine de ces beaux lieux, je suis a vos genoux ;
Prêtresses du Plaisir, je rue consacre à vous.
Mais déjà les amants, plus froids dans leurs caresses,
Sentent dans ces transports expirer leurs tendresse :
Leurs yeux ne brillent plus des flammes du désir,
Et les langueurs en eux succèdent au plaisir.
Au sein des voluptés, je le vois, ô Sagesse,
Le rapide bonheur n’est qu’un éclair d’ivresse.
Eh quoi ! pour ranimer les besoins satisfaits,
La beauté n’auroit plus que d’impuissants attraits !
Quoi ! ces myrtes flétris ne jettent plus d’ombrage
Regarde, dit mon guide, au fond de ce bocage ;