Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/15

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Vois ce cortege affreux de regrets, de douleurs,
Et les ronces déjà croître parmi les fleurs.
Quand Hébé disparoît, le ciel ici n’envoie
Que des chagrins cuisants sans mélange de joie ;
Et ce temple où ton œil cherche encor le bonheur,
Assiégé de dégoûts, n’est qu’un séjour d’horreur.
Quand le plaisir s’enfuit, en vain on le rappelle.
La flamme de l’amour ne peut être éternelle.
C’est en vain qu’un instant sa faveur te séduit ;
Le transport l’accompagne, et le dégoût le suit.
Hébé fuit à l’instant. Déjà sur ces bocages
Boréé au front neigeux rassemble les nuages ;
Et, sur un char obscur transporté par les vents,
Le froid Hiver détruit le palais du Printemps.
De son rameau flétri la feuille est détachée,
L’onde se consolide, et l’herbe desséchée
Implore, mais en vain, le dieu brillant du jour.
Sur le trône où régnoient la Mollesse et l’Amour,
Que vois-je ? c’est l’Ennui, monstre qui se dévore,
Qui se fuit en tout lien, se retrouve et s’abhorre.
Le front environné d’un rameau de cyprès,
Il voit auprès de lui, poussant de vains regrets,
Les amants malheureux qu’aucun transport n’enflamme
Sonder avec effroi le vuide de leur ame.