Aller au contenu

Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Plus criminels sans doute, ils sont moins odieux ;
La Fortune en un jour les perd, nous venge d’eux :
Ce sort qui les attend les dérobe à la haine.
Mais quelle est du mortel l’ame libre et hautaine
Qui ne voit les grandeurs que d’un œil de mépris ?
Plus le péril est grand, plus, pour un si haut prix,
Chacun, partant en soi la semence du crime,
L’excuse dans un autre, et trop souvent l’estime.
Le bonheur n’est donc pas dans des biens superflus
Relégué parle ciel au palais de Plutus.
Où le chercher ? disois-je ; est-ce auprès de ces sages
Dont le nom est encor respecté par les âges ?
La Sagesse me dit : On a vu des mortels,
Jaloux de s’ériger eux-mêmes des autels,
Oser d’un Dieu moteur pénétrer le mystère ;
Mais ces sages, mon fils, que l’univers révere,
N’ont été bien souvent que d’adroits imposteurs.
Trop admirés du monde, ils l’ont rempli d’erreurs,
Et fait, dans l’espoir vain d’expliquer la Nature,
Sous le nom de Sagesse adorer l’Imposture.
Un Perse le premier se dit ami des dieux,
Ravisseur de la flamme et des secrets des cieux ;
Le premier en Asie il assemble des mages,
Enseigne follement la science des sages,