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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/50

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Qui, perçant par l’Etna jusqu’au séjour des ames,
Y creusa le Tartare, en alluma les flammes ;
Puis, de là remontant à la clarté du jour,
Danse avec les sylvains, folâtre avec l’Amour ;
Au retour du printemps chante Zéphyre et Flore,
Et les prés émaillés des perles de l’Aurore.
Ici, le Jugement, à ses côtés assis,
La domte, la dirige en ses efforts hardis :
Aux œuvres du génie avec elle il préside.
Dans ces divers bosquets où le Destin te guide
J’ai rassemblé les arts : chacun a ses autels.
Et quels sont, dis-je alors, ces fortunés mortels
Qui, dans l’art de Linus instruits par Polymnie,
Parleurs sublimes chants ont fait taire l’envie ?
Ceux dont les vers hardis, mais toujours pleins de sens,
Ont subi, soutenu, les épreuves du temps.
Tu vois Lucrece, ici, peindre aux regards du sage
Le vrai le plus abstrait sous la plus vive image ;
Milton d’un feu solide enfermer les enfers,
Ceintrer le pont qui joint l’Erebe à l’univers ;
Les Priors, les Boileaux, les Papes, les Horaces ;
Ceindre la Vérité de l’écharpe des Graces ;
Le hardi Crébilion évoquer la terreur,
Et prêter dans ses vers des charmes à l’horreur.