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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/53

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Déjà Pan sur ses monts a saisi l’oréade,
Neptune a sous les eaux entraîné la naïade,
Ixion dans sa nue a poursuivi Junon,
Proserpine aux Enfers s’abyme avec Pluton.
Qu’en ces lieux, dis-je alors, j’aime à voir la peinture
Donner des corps aux dieux, une ame à la nature,
Des gouffres de l’oubli retirer les héros,
Et par ce noble espoir en former de nouveaux !
Que de plaisirs divers un seul goût fait éclore ! ’
Du temple du bonheur si je suis loin encore,
Du moins, à chaque pas que je fais en ces lieux,
Je me sens à-la-fois plus sage et plus heureux.
Je dis ; et j’éprouvois une joie inconnue,
Quand la Sagesse offrit un héros à ma vue.
Que vois-je ? un prince ici !… C’est un roi glorieux
Qui, protecteur des arts et célébré par eux,
Releva leurs autels qu’avoit fondés la Grece.
Dieux ! qu’il eût été grand, ajouta la Sagesse,
Si, Socrate au conseil comme Alcide aux combats,
L’ardeur de conquérir n’eût point armé son bras !
De César trop long-temps s’il suivit les vestiges,
Son siecle fut du moins le siecle des prodiges,
Quand Louis, par les arts se laissant enchanter,
Embellit l’univers, las de l’épouvanter.