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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/52

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Je reconnus Quinault. L’Amour montoit sa lyre.
Du dieu qui l’inspiroit il étendoit l’empire,
Et dressoit ses autels dans ces palais changeants,
Travaux de tous les arts, plaisirs de tous les sens.
Plus loin est l’atelier où l’heureuse peinture
Toujours en l’imitant embellit la nature,
Mille grouppes divers, chefs-d’œuvre de son art,
Du spectateur surpris arrêtent le regard :
Il a cru voir des corps. Sa main impatiente
Touche, veut s’assurer si la toile est vivante ;
Et son esprit, encore incertain, curieux,
Doute qui l’a trompé du toucher ou des yeux.
Dans ce tableau hardi je vois les mers émues
S’élancer, se heurter, et retomber des nues.
Par un nuage noir les cieux au loin couverts
Ne sont plus éclairés que du feu des éclairs.
L’un peint le fier Renaud enchaîné par Armide ;
L’autre a ceint d’un serpent le front d’une Euménide.
Plus loin je vois le Temps qui, vengeur des héros,
Traîne, étouffe l’Envie aux pieds de leurs tombeaux
Là, du sein entr’ouvert d’une vague écumante
Vénus sort, et paroît sur l’onde mugissante.
L’Amour naît avec elle, et par elle est armé,
Du feu de ses regards le monde est animé.