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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/75

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Il la quitte à ces mots. L’Humanité le guide ;
Il traverse à grands pas une campagne aride ;
Il y cherche des yeux ces vergers et ces champs
Qu’embaumoient les parfums d’un éternel printemps,
Où Flore captivoit le dieu léger qu’elle aime ;
Où, sans art et sans soin, la terre d’elle-même
Et coloroit les fleurs et mûrissoit les fruits.
Quels objets différents frappent ses yeux surpris !
Il voit, la bêche en main, le travail et la peine
Dégouttant de sueur ensemencer la plaine ;
La peste, la famine, et les chagrins cruels,
A différentes morts condamner les mortels ;
L’astre éclatant du jour, parcourant l’écliptique,
Lancer sur l’univers une lumiere oblique,
Y faire succéder sous des cieux sans chaleurs
Les hivers au printemps et les frimas aux fleurs.
Elidor cependant avance ; il veut s’instruire
Et des lois et des mœurs qu’Ariman vient prescrire
Aux nouveaux habitants d’un nouvel univers.
D’un terrain sablonneux traversant les déserts.
Il dirige ses pas vers un bois de platanes.
Au pied d’une montagne il a vu des cabanes :
Il s’approche ; il entend des torrents qui par bonds
Du sommet des rochers tomboient dans les vallons.