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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/76

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L’astre brillant des cieux, du haut de sa carriere,
Sur ce mont darde en vain une pâle lumiere ;
Des chênes monstrueux, monarques des forêts,
Absorbent ses rayons dans leur feuillage épais ;
De stériles rochers on voit de longues chaînes
Mêler leur cime aride à la cime des chênes ;
Des lieux qu’un jour obscur consacre à la terreur
La vaste solitude augmente encor l’horreur.
Là, guidé par l’espoir de secourir ses freres,
De pleurer avec eux, d’adoucir leurs miseres,
Elidor a gravi sur des monts sourcilleux
Dont le sommet se perd dans un ciel orageux.
Sur leur croupe escarpée il voit un précipice,
Abyme caverneux creusé par l’Avarice,
Qui, la pioche en main, y suit un filon d’or.
Elle n’arrêta point ses yeux sur Elidor.
Tandis qu’il s’égaroit dans cette solitude,
Un spectre s’offre à lui ; c’étoit l’Inquiétude,
Monstre qui, de ses mains sans cesse déchiré,
Doit son être aux tourments dont il est dévoré.
Le Trouble, l’œil hagard, le suit ou le devance :
Elidor ignoroit sa funeste existence.
Il voit des opulents que ce monstre poursuit,
Et sur leur triste sort son ame attendrit.