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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/80

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Tu frémis : ce soupçon te paroît une injure.
Si je suis innocente aux yeux de l’Imposture,
Si j’obtiens grace enfin d’un monstre tel que toi,
Qu’aurois-je à redouter de notre commun roi ?
Il punit les forfaits, pardonne à l’ignorance ;
Et, s’il n’a point d’égal en sagesse, en puissance,
Ce dieu sans doute est bon : c’est ton impiété
Qui prête à ce dieu saint ton inhumanité.
Viens-tu jusqu’en ces lieux braver l’Être suprême ?
Tu respires encore, et j’entends ce blasphême !
Ariman m’apparoît ; dieu terrible et jaloux,
Tu vas le reconnoître à ses rapides coups
Que ne peut mesurer ni le temps ni l’espace.
Il parle, et sous sa main tout tombe, tout s’entasse.
Meurs ; et que le bûcher dom j’allume les feux.
Epouvante à jamais tout mortel orgueilleux
Qui, rebelle à mon culte, et sous le nom de sage
Consulte sa raison, ose en vanter l’usage.
Eh quoi ! dit Elidor, l’orgueilleux imposteur
Prétend associer le ciel à sa fureur :
Sa main verse le sang, et c’est Dieu qui l’inspire !
Ah ! fuyons ces autels que je ne puis détruire.
Quelque sage, peut-être, en ces lieux retiré,
M’enseignera le temple aux vertus consacré ;