Aller au contenu

Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M’apprendra si ce monde est créé pour la guerre ;
Si la force est enfin le seul dieu de la terre.
Elidor jette au loin un rapide regard :
Une caverne s’ouvre, il en sort un vieillard.
Hélas ! ce n’est donc plus qu’en un antre sauvage
Qu’on peut, dit Elidor, trouver enfin un sage !
Le crime a-t-il par-tout élevé ses autels ?
Le sage, devenu l’ennemi des mortels,
De leur iniquité seroit-il la victime ?
Parlez : loin des humain : qui vous bannit ? Le crime
Mon fils, dit le vieillard, j’ai vécu, j’ai régné ;
Comme toi j’ai vu l’homme au vice abandonné.
Je voulois son bonheur ; j’essayai de le rendre
Plus vertueux, plus juste ; et je devois m’attendre
Que les dieux m’aideroient dans mes nobles projets :
Chaque jour, détrompé par mon peu de succès,
J’éprouvai des chagrins sans mêlange de joie.
Las d’un trône où j’étois à mes soucis en proie,
Je n’ai plus mesuré l’empire et son orgueil
Que par l’espace étroit qu’il faut pour un cercueil.
Le reste est inutile, et l’aveugle fortune
N’offre que des grandeurs dont l’éclat importune :
Je m’en suis dégoûté. De ce siecle pervers
J’ai fui ; j’ai recherché le repos des désert.